Commerce et mer adriatique
Au bas moyen âge, Venise devient extrêmement riche, grâce au contrôle du commerce avec l’est, elle commence à s’étendre en Mer Adriatique et au-delà. Cette phase d’expansion débute en l’an 1000, lorsque la flotte guidée par le doge Pietro II Orseolo pour combattre les pirates qui opprimaient de leurs incursions les côtes vénitiennes, reçut la soumission des villes côtières d’Istrie et de Dalmatie. L’empereur byzantin reconnut ensuite les titres vénitiens sur les duchés d’Istrie et de Dalmatie.
En 1071 eu lieu la bataille entre Grégoire VII et Henri IV, mais Venise, en restant fidèle à sa politique d’équilibre entre les grandes puissances, ne pris parti ni pour le Pape ni pour l’empereur.
Au sud de l’Italie les Normands étaient devenus les vrais protagonistes.
Tout d’abord les Vénitiens avaient engagé de bons rapports avec les Hauteville ; mais lorsque ces derniers commencèrent à intervenir dans l’Adriatique, la rupture se produisit.
L’occupation normande de Durazzo et de Corfù poussa les Vénitiens à l’action militaire. La guerre dura plus de deux ans et les combats navales et terrestres ne furent pas favorables à l’alliance Vénéto-byzantine.
Lorsque Robert Guiscard mourut son armée abandonna ses positions pour revenir dans les Pouilles.
Avec la disparition normande, Venise réussit à obtenir de Constantinople ce qu’elle désirait. Dans le « crisobolo » (ou la bulle d’or) de mai de 1082, l’Empereur d’Orient concède à son grand marchand des privilèges et exemptions de taxes dans tout l’empire : cette concession fut renouvelée plusieurs fois et ensuite étendue et appuyée par d’autres actes dans lesquels les empereurs récompensèrent dans un premier temps, et ensuite payèrent le soutien naval de leurs anciens sujets.
L’État de la Mer ou l’expansion maritime de la République de Venise
La puissance vénitienne stagnante favorisa l’expansion commerciale de Gênes en Orient.
Venise ne fournit pas non plus d’abondants efforts pour aider les Byzantins dans les trois premières croisades : elle favorisa la prise de Jérusalem lors de la première croisade mais ne participa pas à la deuxième croisade, pas plus à la troisième qui procura d’importants avantages commerciaux à ses rivales Pise et Gênes.
En 1148 fut institutée le « Promissio Ducale » (la promesse ducale), serment de fidélité constitutionnelle des Doges, prononcé à chaque nouvelle élection, mais qui limita progressivement les pouvoirs du prince, en posant les bases du développement des autres institutions républicaines.
Sous le doge Enrico Dandolo, le rôle de la flotte vénitienne fut déterminant au cours du sac de Constantinople, lors de la quatrième croisade en 1204. Cette croisade provoqua la fin de l’empire Byzantin et engendra l’Empire Latin d’Orient dont les formes institutionnelles étaient celles de la féodalité occidentale. Les territoires du feu Empire byzantin furent divisés en quatre, entre l’Empereur Baldovino de Fiandra, le Marquis du Monferrato, les princes et les barons francs et la très sérénissime. Venise gagna beaucoup de territoires dans la Mer Égée, dont la Crête, l’île d’Eubée, et de nombreux ports et forteresses du Péloponnèse, en plus d’une position prééminente dans l’éphémère Empire Latin créé par les croisés, étant réservé au doge vénitien le titre de Seigneur d’une portion de l’Empire Romain d’Orient, et au-delà de sa faculté à nommer le Patriarche latin de Constantinople.
En 1297 le « Grand Conseil » le Maggior consiglio, ouvre à de nouvelles familles l’accès au gouvernement de l’État, donnant ainsi à Venise la forme définitive de sa République oligarchique.
La République s’étendit encore lors des siècles qui suivirent, même après la reconstitution de l’Empire Byzantin, sur beaucoup d’îles et de territoires de l’Adriatique et de la Mer Méditerranée, en acquérant désormais pour des siècles presque toutes les côtes orientales de l’Adriatique (connu sous le nom de « Golfe de Venise »), mais aussi la Crète (« Candia » pour les vénitiens) et Chypre, une grande partie des îles grecques et du Péloponnèse (« Morea » pour les vénitiens).
Ce vaste territoire insulaire et côtier fut appelé par les vénitiens l’État de la Mer, en opposition aux dominations terrestres.
La conquête terrestre
Pendant des siècles la République était un état composé d’îles et de côtes, appelé par les vénitiens « État de Màr », l’État de la Mer.
Très limités, les inclusions de zones de l’arrière-pays lagunaire étaient vouées à la protection, en repères défensifs contre l’expansion des villes comme Padoue et Trévise.
A l’entame du XVe siècle, les vénitiens commencèrent toutefois à s’étendre considérablement même dans l’entre-terre, pour contrer la menaçante expansion de Gian Galeazzo Visconti, duc de Milan depuis 1395.
En 1410, Venise avait déjà conquis une grande partie de la Vénétie, dont d’importantes villes comme Vérone et Padoue. La République pris possession d’un territoire équivalent à celui de la Xe province de la péninsule italique sous Auguste (Vénétie et Istrie).
En 1428 deviennent aussi vénitiennes les villes lombardes de de Bergame, de Brescia et de Crema. Lors ces campagnes militaires, un rôle important fut joué par le condottiero Bartolomeo Colleoni. En 1489 l’île de Chypre fut annexée, auparavant état croisé, cédée par sa dernière souveraine, la vénitienne Caterina Cornaro.
En 1495 Venise réussit à expulser Charles VIII de l’Italie grâce à la bataille de Fornovo, en repoussant le premier d’une série d’assauts français.
Au début du XVIe siècle, pour quelques temps, furent aussi sous la domination de Venise Crémone, Forlì, Cesena, Monopoli, etc.
Avec une telle expansion Venise entra cependant en conflit avec l’État Pontifical pour le contrôle de la Romagne. En 1508 fut formée la Ligue de Cambrai contre Venise, qui unifia le Pape, le Roi de France, Empereur du Saint Empire Romain Germanique et le Roi d’Aragon.
Même si en 1509 les français furent victorieux à la bataille d’Agnadello, les armées de la ligue durent s’arrêter aux marges de la lagune : la coalition se brisa rapidement, et Venise se retrouva sauve sans avoir subit de graves pertes territoriales ; cependant la flotte fut presque intégralement détruite à la bataille de Polesella à la fin 1509, sous le feu de l’artillerie de la maison d’Este, désormais seule à faire face à Venise. La République dut renoncer à exercer sa pression politique sur le petit duché mais les frontières furent ramenées à celles de la fin de la guerre du Sel de 1484.