Le peuple des
pilotis ou des champs d’urnes
Livio a
écrit que les Étrusques fondèrent Bologne
(Felsinea), Modène, Piacenza, Ravenne, Spina et Mantoue, alors
que par contre nous savons aujourd'hui que ces localités
étaient déjà habitées et
importantes.
Bologne avait une solide implantation dans la zone de
l'actuel centre historique. Autour de l'an 1000 av J-C, il s’y
pratiquait la métallurgie, l'artisanat et une large gamme de
commerce, c’était donc déjà un important chef-lieu
de la civilisation Villanovienne autochtone, même très
influencé par la région méditerranéenne
(via Adria et Spina), les peuples septentrionaux, ceux de la plaine du
Pô et cisalpine. Ceci bien avant l'arrivée des
Tyrrhéniens (Etrusques).
Les peuples "palafitticoli"
(lit. Peuple des pilotis),
ayant
abandonnés les vallées alpines et même la Plaine du
Pô, y étaient déjà arrivés avec leur
riche culture autour de 1300-1000 av J-C. Non loin, à l’est, il
y avait déjà un grand centre de "palafitticoli" ; et en
Vénétie,
parmi les nombreuses implantations, on
dénombre Padoue, Vicenza, Vérone, Rovigo, et d’autres sur
la côte qui longe la lagune vénitienne (Altino, Aquileia
etc..) où ensuite par nécessité aux
VI-VIIème siècles après J-C
s’élèvera Venise (les seuls habitants qui soient
restés fidèles et donc experts au type d'habitation sur
des palafittes, des pilotis).
Même les
Gallium Boi,
vers la moitié du IVème siècle, en
revendiqueront la fondation (en l’appelant Bononia). Assez de
prétentions pour que les Romains investissent la région
en 191 av J-C et y fondent une colonie en 189 av J-C. (En somme tout
comme Pissarro et Cortes en Amérique, en y amenant la
"civilisation" ! Et en changeant le nom du lieu où ils
arrivaient).
Aujourd'hui
les récents progrès de la recherche archéologique,
ont amenés les spécialistes à pouvoir conclure que
parmi les thèses des origines orientales et des origines
autochtones des Étrusques, il n'y a pas de véritable
clivage ; on va de plus en plus vers une orientation
équilibrée de ce problème.
On doit conclure que si
des éléments orientaux ont rejoints les côtes
tyrrhéniennes, ces derniers (peu nombreux - sûrement
quelques milliers seulement) n'ont pas modifié de façon
sensible et profonde les implantations des civilisations
préexistantes. En effet, les bases de la civilisation
villanovienne se retrouvent dans la civilisation étrusque : sans
être dépassées et encore moins détruites par
les Etrusques, mais plutôt sous une forme différente,
souvent non manifestée (les étrusques étaient
hautains), mais au bénéfice du contact entre ces deux
civilisations qui s’influençaient mutuellement. À noter
que le peuple qui domina ensuite la péninsule, ne réussit
jamais à faire changer le langage des autres contrées -
donc la thèse qu'une souche autochtone a apporté une
contribution importante au développement de la nouvelle
civilisation est très vraisemblable.
Le
problème qui n'avait pas été résolu avant
ces dernières années, était par contre la lente
apparition (1800-1500 av J-C) et ensuite la disparition (1300-1000 av
J-C) des palafitticoli ; d'abord dans les lacs alpins, ensuite dans la
Plaine du Pô. Une civilisation que l’on pensait être
arrivée de l’Europe centrale. Par contre aujourd'hui nous savons
qu'elle était descendue des Portes de Fer (à la
frontière Yougoslavie-Bulgarie-Roumanie),
précédemment originaires de l'Orient dont elle
était partie en remontant le Danube ; ayant émigré
de la Thrace mille ans auparavant. En deux mille ans, ils
émigraient depuis la Lydie et aboutissaient en Toscane.
Ce peuple
(désigné aussi comme culture des "Champs d'urnes") occupa
d’abord les Vallées Alpines et cisalpines, est ensuite descendu
dans la plaine du Pô, en Emilie ; et finalement autour de
1100-1000 av J-C, en Ombrie et dans le Latium. Dans l'aire où
Romulus fondera Rome en 753, à la base même du Palatin,
ont été retrouvées des restes d’inhumations
incinératrices (méconnue des latins des Collines
d’Albani) datés de 1100 av J-C. - Et même des plus
anciennes, de 1300-1400 av J-C, qui font penser que les palafitticoli
(ce peuple silencieux et fantôme, mais avec une grande culture et
des technologies avancées) étaient déjà
passés par là, quatre ou cinq siècles avant la
fondation de Rome.
Ces pratiques funéraires se retrouvent chez les Etrusques.
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