La
société Etrusque
La
civilisation étrusque, fut la première grande, puissante
et florissante civilisation italienne. Elle s’est distinguée des
autres non seulement par un riche bagage culturel et technologique,
aussi très important ; mais par quelque chose en plus par
rapport aux autres ; organisée, elle su structurer sa vie
politique et sociale.
Cette complexe
civilisation développée, contrairement à celle des
romains – dont la naissance fut presque contemporaine - a de grandes
qualités mais aussi des défauts potentiels; qui seront ce
qui la portera vers la décadence. Les Romains (ou mieux, pour
l'instant, les Latins) déjà après deux
siècles d’existence à peine, consolident les
premières, et cherchent à éviter les seconds,
lorsque en 509 av J-C, ils donnent vie à la République.
Contrairement
à la civilisation romaine, qui depuis le VIème
siècle, à travers la constitution censitaire
attribuée à Servio Tullio, avait dépassé la
dualité primitive entre des plébéiens et des
patriciens, la société étrusque se présente
éternellement et rigidement divisée en deux classes :
esclaves et maîtres.
Ce type de
société se maintint avec un conservatisme absolu et sans
prendre en compte les substantielles modifications du cours des
siècles. L'erreur se fera ensuite même à Rome, et
après Rome dans tant d'autres civilisations, peuples, royaumes
ou états.
De cette
classe d'esclaves et de maîtres étrusques, beaucoup
d’aspects nous sont connus grâce aux traces
archéologiques. Des témoignages dans les
décorations funéraires se réfèrent toujours
à des personnes aisées, d'un certain niveau social,
certes pas à d’humbles personnes.
Au sommet de
la hiérarchie de la société il y a les rois, qui
jusqu'à l’époque ancienne, apparaissent à la
tête de la puissance étrusque. Nous connaissons les noms
de quelques uns d’entre eux parce qu'ils furent des protagonistes de
célèbres événements avec les Romains : les
célèbres Porsenna, Muzio Scevola et Clelia, mais
même d'autres rois dont nous conservons le nom, surtout à
travers les inscriptions funéraires.
Mais dans
toute l'Etrurie il n'y avait pas un seul roi, mais douze ; autant qu’il
y avait de grandes villes étrusques (les lucomonie) qui
faisaient partie de la "confédération" de l'Etrurie :
Volterra, Volsini, Populonia, Chiuse, Pérouse, Vetulonia, Vulci,
Veio, Cires, Tarquinia, Arezzo, Cortona (d’autres importantes villes se
sont élevées puis furent déchues comme Fiesole,
Marxabotto, Norchia, Tuscania, Saturnia, Talamone.
Elles étaient toutes essentiellement unies par de solides liens
religieux mais sans lien politique qui puisse faire penser à un
état unitaire et compact, plutôt à une
fédération au sein de laquelle il semble qu'il
n'était pas possible qu'une ville ait jamais eu – ni ne pouvait
ambitionner - la domination sur les autres. Trop de jalousies entre
villes. Les rois n’étaient pas des monarques
éclairés mais des personnages semblables à des
tyrans qui agissaient dans leur petit royaume avec une petite classe
oligarchique.
Toutes les
villes-états de l'Etrurie étaient réunies en
confédérations, ou en "ligues". Les sources nous
indiquent qu'il y en avait trois.
Une ligue dont les fonctions sont inconnues, mais probablement
religieuses, a dû inclure environ 12 villes-états. Le mot
pour la ligue était également mech.
Une fois par an les états se réunissent à un fanu,
à l'endroit sacré (fanum latin) pour discuter des
affaires militaires et politiques, et pour choisir également un
lucumo, "gouverneur", élu pour une année.
Les
caractéristiques du pouvoir royal, sont décrites par
l’historien grec Dionisio d'Alicarnasso, dans le récit qu’il
fait de la conquête de l'Etrurie par Rome, sous le règne
de Tarquinio Prisco : une couronne d'or, un trône d'ivoire, un
sceptre décoré avec dans sa partie supérieure une
aquila, une tunique de pourpre bourrée d'or et un manteau
pourpre orné de broderies semblables à ceux des manteaux
des rois de Lydie et de Perse. La marque la plus caractéristique
de la souveraineté était constituée des licteurs
qui ouvraient le corteo réel en résistant sur
l'épaule le faisceau des licteurs : chacun des douze rois
étrusques en avait un à disposition. "Lucumone"
était le nom du plus haut magistrat des villes étrusques
et correspondait mais seulement en apparence à celui des patres
ou des rois latins.
Auprès
des rois, sont les condottieri, de hiérarchies proprement
militaires ; leur existence historique est liée en tout cas
à celle de leurs gens, et est même attestée
épigraphiquement plusieurs fois, comme dans le cas de la famille
des Tolumnii à Veio.
Un des
condottieri les plus célèbres de l'histoire
étrusque, dont le nom nous est transmis grâce à sa
valeur, presque présenté en termes de prodige, est
Macstarna, qui selon la tradition romaine est venu à Rome comme
allié pour mettre son épée au service du roi
Tarquinio, alors que dans la version étrusque du même
événement, figure d'abord dans le nombre des ennemis et
ensuite même dans celui des assassins de Tarquinio, où il
va jusqu'à occuper une colline de Rome et prendre possession du
trône pour des buts certes peu pacifiques. Macstrana est un des
noms les plus prestigieux de cette classe de condottieri, classe qui,
comme nous le montre son exemple, devient parfois puissante au point de
mettre en danger l’autorité du roi elle-même.
Une autre
catégorie de la société civile des
Étrusques, très puissante et très attachée
à ses prérogatives et ses privilèges, est celle
des magistrats qui constituent une classe appelée à
délibérer dans une sorte de Sénat ; elle
représente la seule assemblée politique de l'Etat
Etrusque. Les magistrats choisissent parmi eux les "princeps" qui,
élu autrefois chaque année, peuvent se substituer en
certains cas au roi, et prendre les fonctions d’une sorte de
président de la république, assisté d'une
série de magistrats, eux-mêmes élus chaque
année, qui composent un collège semblable aux Arconti
d'Athènes.
Sur ces
magistrats, sur leurs titres, sur les événements de leur
carrière, leurs attributions et leurs privilèges, les
épigraphies fournissent en grande partie un silence aux
historiens, et nous fait connaître une série de
"carrière" beaucoup plus compliquée et difficiles que
celles qui caractériseront la vie publique romaine (ressemblant
davantage à celle des byzantins).
Au-delà
de ces charges, mineurs mais indubitablement importantes à
l'intérieur de la société étrusque, il y a
les charges sacerdotales et administratives, qui en l’état
actuel des recherches ne sont rien d'autre que de simples noms.
Seulement quelque brèves informations sont obtenues des
épigraphes ; il semble qu’ils étaient importants,
puisqu'ils avaient une participation directe au gouvernement. Dans la
langue étrusque fut en effet reconnue toute une famille de mots,
dérivants de la racine zil qui signifie "gouverner", comme
zilic, zilath qui signifie "magistratus", c'est-à-dire soit la
charge de la magistrature, soit la personne qui l'exerce, le magistrat
; et encore zilaxjnve, zilachnuce, qui signifient "a fait le
magistrat". Certains zilath portaient un autre titre, maru, qui voulait
dire un ensemble de magistrats et de prêtres (comme les
édiles romains) ; finalement le président du
collège du zilath (espèce de conseil des ministres) et le
"premier zilath" était justement le "premier ministre" ou le
"président de conseil".
Ainsi
était la complexe vie de chaque royaume, des plus hautes
magistratures dans le cadre des individualistes villes
étrusques. Au niveau de la "Nation", c'est-à-dire lorsque
les diverses villes se réunissaient périodiquement dans
la Confédération, était élu un zilath
suprême, confirmé épigraphiquement dans la
dénomiantion zilath mechl rasnas, c'est-à-dire "zilath du
peuple étrusque" c'est-à-dire formellement gouverneur
d'un état, mais qui n’en avait pas la substance. Cet état
organisé était seulement une grande et belle
façade, derrière laquelle il n'y avait pas une "Nation",
mais esclaves et paysans obéissants à quelques riches
oligarques.
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